Dans les années 80, l’électro a énormément gagné en popularité, mais son avenir restait incertain. Toutefois, vingt ans plus tard, cette époque a marqué l’apogée de l’électro grenobloise. Contrairement aux idées reçues véhiculées par les grandes métropoles comme Paris, la région Rhône-Alpes (particulièrement les villes de Lyon, Grenoble et Annecy) formant ce qu’on nomme le « triangle d’or », a développé une esthétique musicale distincte. Elle était caractérisée par des sonorités sombres et mélancoliques, loin de la scène « french touch » dominante basée sur une forme de rupture et de continuité permanentes et portée par des valeurs d’excellence, de liberté créative, d’audace et d’authenticité.
« The Hacker », l’un des pionniers
Grenoble a joué un rôle central dans ce paysage musical. Des précurseurs tels que Michel Amato, plus connu sous le nom de The Hacker, ont contribué à forger l’identité de cette scène électronique émergente. Organisant des « raves », des rassemblements festifs généralement secret, dans des lieux insolites dès le début des années 90, Amato a été rejoint par d’autres artistes locaux formant ainsi un authentique mouvement artistique.
« Au début, la scène à Grenoble était minuscule, on devait être une quinzaine et ça a commencé comme ça, tout doucement, en jouant dans des fêtes illégales, dans des champs aux alentours de Gre’. J’organisais ces teufs pirates, 20 francs l’entrée, dans des lieux un peu délires, comme un fort abandonné. On s’est tous rencontrés à ce moment-là, vers 1993 ».
La collaboration entre The Hacker et Caroline Hervé, alias Miss Kittin, a marqué un tournant dans leur carrière, propulsant leur musique au-delà des frontières nationales. L’émergence de labels comme « Goodlife Records », fondé par The Hacker et touchant des artistes du monde entier a également contribué à mettre en lumière la scène électronique grenobloise.
Un engouement grandissant
En plus des artistes passionnés, Grenoble abrite un public qui se retrouve dans divers espaces dédiés à l’électro. La ville compte quelques clubs qui rassemblent les amateurs locaux. Camille, fondateur du club Vertigo, exprime : « J’étais un extraterrestre à l’époque où j’écoutais de l’électro. C’était synonyme de décadence, mais j’ai misé là-dessus, je trouvais que c’était différent. » Avec des noms tels que Laurent Garnier, David Guetta, Oxia, et Martin Solveig qui ont animé les platines du Vertigo, le succès était au rendez-vous.
Oxia, DJ grenoblois, s’impose dès son premier maxi dans la musique électro française. Il collabora aussi avec The Hacker. Aujourd’hui, sa musique fait le tour du monde et lui à valu de nombreux prix. Tous fréquentent aussi un grand influenceur de l’électro française: Christophe Dalacca, alias Kiko. À l’âge de 19 ans, ce dernier monte son magasin de disques Ozone Records. Cest là-bas qu’il rencontre, parmi ses clients, The Hacker et Miss Kittin, avec qui il collabore. Il créa ensuite le label « Ozone Record » qui est l’un des premiers labels d’électro français. À l’affiche des plus grandes raves de France, ils signent ensuite plusieurs maxi et deux albums qui feront le tour du monde.
Après les 90’s
Après l’apogée des années 90, la scène électronique grenobloise a continué à évoluer. De nouveaux lieux ont vu le jour, offrant de nouvelles opportunités aux artistes émergents et contribuant à maintenir la scène locale en avant. La création de La Belle Électrique en 2015 a également marqué un tournant majeur, renforçant la réputation de Grenoble en tant que ville phare de l’électro français.
Alors que l’électro est maintenant accepté dans le monde de la musique, Grenoble continue aujourd’hui de vibrer : Le Vertigo et le Mark XIII sont rejoints par de nouvelles salles et clubs tels que l’Ephémère, l’Ampérage, la Bobine et le Drak’art. La Belle Électrique, dédiée aux musiques électroniques de tous genre depuis janvier 2015, renforce sa réputation avec son festival annuel Jour et Nuit et ses ateliers culturels, tandis que son label électrique vient d’être lancé.
Selon Kiko, parrain du label Carton-Pâtes Records et figure de la scène musicale grenobloise, la scène techno et électronique se porte à merveille. Avec des talents comme Le Monkey, Koudlam, SampliFire et d’autres encore, la relève est là, prête à tracer son propre chemin dans le paysage musical en constante évolution.
Le mot de fin
En somme, la scène électronique grenobloise continue de prospérer, portée par une communauté passionnée et dynamique, des lieux emblématiques et une programmation artistique variée. Alors que de nouveaux talents émergent et que de nouvelles initiatives voient le jour, l’avenir de l’électro à Grenoble s’annonce prometteur, affirmant ainsi la ville comme un véritable bastion de la musique électronique en France.
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