Le charisme : un écran de fumée
Le charisme, l’élégance, la gentillesse, le savoir… autant de qualités qui inspirent, qui rassurent, mais qui endorment les esprits. Derrière ces atouts, derrière cette façade lisse et séduisante, l’art de la manipulation se glisse, insidieux. Cet art s’infiltre partout, dans chaque regard appuyé, sous chaque échange anodin. Dans chaque geste d’encouragement, sous chaque acte insistant.
Dans le milieu sportif, ce phénomène est encore plus marqué. La proximité y est une nécessité : un entraîneur doit être proche de son athlète, un éducateur doit guider, un responsable doit encadrer. Mais cette proximité, essentielle à la progression et à l’excellence, devient un terrain propice à la dérive lorsqu’elle est exploitée à des fins malsaines. Ce qui devrait être un lien de confiance se transforme alors en un véritable piège, un espace où l’abus se dissimule sous un masque charismatique.

Un terrain propice à l’abus
En vue de la structure même des organisations sportives, cette dissimulation est propice à ce genre d’abus car le système étant fait, les coachs aimés de tous, glorieux, on une place importante et qui sans se faire remarquer, instaurent toujours une ambiance malsaine.
Rien de mieux qu’un papa cool… Rien de mieux qu’un coach fun, un super entraîneur, un président admirable. Des figures charismatiques, inspirantes, en qui l’on place toute sa confiance. Mais là où on ne l’attend pas, la perversité s’embellit, s’adapte et se fond dans le décor, jusqu’à devenir un dogme, une banalité, quelque chose que l’on ne questionne plus.
L’exemple de Stéphane Nomis, président de fédération sportive qui explique qu’il est bénévole et seul afin de gérer toute la structure, il n’est pas omniscient, Il délègue donc, à son directeur général Sébastien Nolesini. Mais malgré tout, il reste le responsable pénal de la fédération. Cela veut donc dire que l’accent, que la lumière ne peut pas être mis sur les coachs qui savent agir avec l’art de la manipulation.
Comprendre l’emprise psychologique
L’un des concepts fondamentaux pour comprendre l’impact de l’autorité sur les individus est l’expérience de Milgram (1963)
https://philosophie.ac-normandie.fr/spip.php?article615.
Sous l’effet d’une autorité perçue comme légitime, des personnes peuvent commettre des actes allant à l’encontre de leur morale. Alors, une figure charismatique peut manipuler les perceptions en jouant sur la culpabilité, la dette émotionnelle ou la dépendance affective. Les victimes se glissent ainsi lentement dans le gouffre infernal de l’emprise.Celle qui transforme l’individu, tout en restant imperceptible.
Car comment voir ce qui n’a pas de forme, ce qui s’insinue dans les esprits sous le masque de la bienveillance ?

En société : une normalisation de l’oppression ?
Renforcée souvent par un système collectif qui protège les figures de pouvoir.
- Les institutions protègent leurs membres influents : peur des scandales et de la réputation.
- Le silence des témoins : peur des représailles ou d’être perçu comme « dérangeant ».
- La banalisation des abus : « C’est comme ça, tout le monde passe par là. »
Initiatives et actions pour briser le silence
Face à ces réalités, des associations, des lanceurs d’alerte et des instances sportives tentent de briser l’omerta qui entoure ces violences.
Il ne suffit pas de le crier sur tous les toits. Il faut repérer, prévenir et dénoncer.
Mais quelle ironie alors ; d’éduquer nos éducateurs, de responsabiliser nos responsables ou encore d’enseigner nos enseignants… Essayons d’entendre ceux qui chuchotent, ceux dont la voix a été brisée par la peur ou la honte.

Comment briser le silence ?
- Campagnes de sensibilisation menées par les fédérations sportives pour former les entraîneurs et protéger les jeunes athlètes.
- Colosse aux pieds d’argile : une association qui accompagne les victimes et sensibilise aux risques de violences sexuelles et de bizutage dans le sport.

- L’évolution des lois et règlements pour renforcer la protection des victimes et sanctionner les auteurs d’abus.
- La cellule « signal sports » : mise en place par le ministère des sports pour permettre aux victimes de signaler tout comportement abusif. https://www.sports.gouv.fr/cellule-signal-sports-63
Conclusion
L’admiration est une force, mais devient faiblesse lorsque le charisme devient un écran de fumée, il permet aux comportements les plus nocifs de prospérer en toute impunité. Il est urgent de reconnaître cette réalité, d’éduquer, de sensibiliser et surtout, d’agir.
Voir, c’est déjà commencer à combattre. Mais comment voir ce qui n’a pas de forme, ce qui s’insinue dans les esprits sous le masque de la bienveillance ?

Ces initiatives illustrent l’engagement de la filière STAPS dans la lutte contre les Violences Sexuelles et Sexistes (VSS) directement dans leurs pratiques sportives. Elles mettent en lumière l’importance de collaborations entre institutions, associations et individus pour créer un environnement sportif sain et respectueux.
« Ensemble, agir contre l’invisible »
Ces maitres mots peuvent transformer le sport de demain en espace de confiance et de sécurité pour tous ses pratiquants.
Annexes :
https://www.egalite-femmes-hommes.gouv.fr/sites/efh/files/2024-11/20241118-Rapport-VSS.pdf
Le danger réside non seulement dans l’acte, mais aussi dans son invisibilité.
Pour aborder ce thème,
un ciné-débat intitulé « Agir contre l’invisible » est organisé le 2 avril à EVE, sur le campus de l’Université Grenoble Alpes. Cet événement soutenu par l’organisation d’une conférence le lendemain (3 Avril), animée par l’association étudiante Safe Play, dédiée à la promotion de pratiques sportives sûres et inclusives pour tous.


