C’est officiel, après Paris 2024, le CIO a choisi les Alpes Françaises pour accueillir les Jeux Olympiques d’hiver de 2030. Mais quid de la neige ? On fait le point.
:quality(50)/2023/11/07/carte-des-sites-jop2030-654a499c32555388565778.jpg )
Différents sites des Alpes françaises organiseront les épreuves.
Nice, dans les Alpes du Sud, accueillera les épreuves en patinoires. Briançon recevra, à Isola 2000, le snowboard et le ski freestyle. La Savoie organisera les épreuves de ski alpin, de saut à ski et le combiné au domaine des 3 Vallées ainsi que les sports de glisse à La Plagne. Pour finir, la Haute-Savoie accueillera le ski de fond à La Clusaz et le biathlon au Grand Bornand.
Cependant, le CIO s’étant engagé à « réduire ses émissions de carbone directes et indirectes […] de 45 % d’ici 2030 », est-il écologique et judicieux d’organiser les Jeux dans les Alpes Françaises ?
De la neige naturelle ?
Nos stations françaises ne sont pas épargnées par le changement climatique, rendant les hivers moins froids et diminuant l’enneigement. 40% des pistes de ski françaises ont eu recours à de la neige artificielle au cours de la saison 2023-2024, un nombre qui devrait augmenter d’ici 2030.
En effet, d’après le GIEC, nous aurons atteint +1,5°C de réchauffement global en 2030 et « l’épaisseur du manteau neigeux en dessous de 2 000 mètres d’altitude tend à être de moins en moins important » d’après Ludovic Ravanel, chercheur et géomorphologue.
Malgré cela, la majorité des stations choisies par les organisateurs pour 2030, sont à des altitudes inférieures à 2000 m. Comme pour les éditions précédentes, la neige artificielle risque donc d’être essentielle lors de nos Olympiades.
Mais soyons optimistes, l’enneigement artificiel ne devrait pas être total pour l’édition Française, car l’altitude et le climat dans les Alpes sont plus propices à la neige que la région de Pékin lors de l’édition 2022, où l’enneigement était pratiquement 100 % artificiel, ce qui a nécessité plus de 100 millions de m3 d’eau, un choix… peu écologique.
Le taux d’enneigement naturel est donc incertain pour 2030, en raison des conditions climatiques aléatoires. Reste à espérer un besoin minimal en neige artificielle. Cela limiterait l’utilisation des canons à neige, et donc la consommation d’énergie, afin de respecter l’engagement écologique du CIO, néanmoins questionnable au vu du choix de certaines stations…

Choix des stations, écologique ?
Ou pas.
La plupart des sites sont à moins de 2000 m d’altitude et pourront poser problème. Pourquoi les avoir alors choisis ?
Les stations ont été sélectionnées pour des raisons économiques et historiques. Le but : utiliser des infrastructures existantes, tout en mettant en lumière les grandes stations Alpines.
Mais – bien que le CIO se soit engagé pour le climat -, il s’avère que trois des stations organisatrices laissent à penser le contraire. En effet, les rapports d’inspections de l’Agence et de l’Office française de la biodiversité (AFB et OFB) concernant les prélèvements d’eau pour les canons à neige qui seront nécessaires lors des Jeux, les mettent directement en cause. Résumons.
Le Grand Bornand. 12 000 m3 de neige de « snowfarming » ont été apportés par camion pour maintenir les championnats du monde de biathlon en 2022, problème renouvelé en 2024. Pire, en 2022 la station a prélevé de l’eau de façon non réglementée afin d’alimenter les canons à neige… pratique qui ne fut pas punie par la préfecture de la Haute-Savoie.

La supercherie de sa voisine, La Clusaz, est révélée au même moment. Plus de 20 ans après le début de son utilisation, l’OFB y a découvert « un dispositif secret » pompant illégalement l’eau dans une source proche. Ici aussi, les poursuites n’ont pas été engagées.
Complète le trio de fautifs le domaine des 3 Vallées, où les Olympiades seront organisées à Courchevel. En 2018, la station a asséché un cours d’eau pour assurer l’enneigement des pistes. Rebelotte en 2023, quand les 3 Vallées surexploitent les cours d’eau alentours afin d’enneiger l’Eclipse pour la coupe du monde de ski alpin.
Si les stations ne sont pas parfaites, quid des équipements ? Certes les infrastructures ne sont pas à construire, mais cela compensera-t-il leur remise au gout du jour et les autres impacts environnementaux ?
Alors, ces JO 2030, « sobres, durables et responsables », dixit la région AURA, mensonge ? Plutôt semi-vérité. Ce qui est sûr, c’est que le CIO se verra dans l’obligation de planter beaucoup d’arbres dans la forêt olympique au Mali et Sénégal, pour compenser l’impact de cette Olympiade !

Si la question du manque d’enneigement pour le futur des sports d’hiver vous intéresse, venez rejoindre le Village des Athlètes, le mercredi 2 avril 2024, pour discuter avec des athlètes de haut niveau et comprendre leur vision concernant le futur des JO.
Plus de renseignements ici :